Métamorphose : entre intime et illusion
Se métamorphoser est bien plus qu’une simple variation d’état, d’aspect ou de forme.
C’est un processus profond, souvent invisible, qui agit aussi bien sur le corps que sur les profondeurs de l’être. De par sa nature créative, l’artiste se transforme sans cesse. À chaque étape de création, il déconstruit, transforme et explore de nouveaux langages, de nouvelles vérités. Changer devient alors une autre manière d’exister, d’interroger ses propres repères pour créer autrement, au-delà du cadre.
Pour questionner cette notion, Émeline Guémené, notre chargée de l’information a rencontré Djansou Al, praticienne EFT (Emotional Freedom Technique) et psycho-énergéticienne à Orléans.
L’émotion, clef de la métamorphose
Pour une praticienne en thérapie émotionnelle, accompagner une personne vers sa transformation, c’est l’aider à faire tomber les masques hérités : ceux de son passé, de ses origines, de sa famille et de la société. Son travail, notamment à travers l’EFT, consiste à libérer les émotions. Un peu comme un fil que l’on va suivre, dérouler et démêler pour permettre à la personne de transformer le regard qu'elle se porte ou sa manière de percevoir une situation. Lors de ses séances, Djansou Al accompagne les multiples étapes de ce lent voyage : se retrouver, affronter le vide et accepter les différentes facettes de notre être.
Une rencontre peut tout changer
Lors de cet échange, une pile de livres en plusieurs langues lui fait face. Qu’ils soient écrits dans sa langue natale, en turc, en anglais ou dans celle de son pays d’adoption, elle les lit avec passion, en extrait des phrases qui résonnent, et les partage comme on offre un morceau de soi. Son parcours entre la Turquie et la France n’est pas anodin : sans ce voyage intérieur et géographique, elle ne serait pas celle qu’elle est aujourd’hui.
Parmi ces lectures, La quête du joyau de Shams De Tabriz occupe une place particulière. Cet ouvrage illustre l’idée de rencontre comme déclencheur d’une transformation intérieure, bouleversant le regard, le cœur et la vision du monde de son protagoniste, Rûmi. Signe qu’une personne, un événement ou une épreuve agit parfois comme un miroir, une secousse.
La magie du reflet intérieur
Djansou Al cite aussi Nietzsche, pour qui la métamorphose de l’esprit se fait en trois temps : le chameau qui ne choisit pas et porte le fardeau du monde, le lion qui lutte et brise les chaînes, et l’enfant, créateur d’un monde neuf qui lui appartient. Une symbolique forte et également présente dans la démarche artistique d’Étienne Saglio.
Avec son spectacle Vers les métamorphoses, le maître de l’illusion met en scène ce passage de l’ombre à la lumière. Le personnage se transforme physiquement- il vole, se dédouble, rétrécit, devient chien (et par n’importe lequel, Messi révélé par le film Anatomie d’une chute de Justine Triet) - mais ce sont sa solitude, ses fractures intimes, ses désirs d’évasion qui sont au cœur de cette odyssée onirique. La magie n’est pas ici un simple effet scénique : elle devient un miroir de ses métamorphoses intérieures.
Oser se révéler
Comme en thérapie, le spectacle interroge notre rapport à l’identité. Qui sommes-nous vraiment ? Que reste-t-il de nous quand on change une pièce du puzzle ? Que cherche-t-on à fuir ou à retrouver ? Derrière les illusions se cachent des vérités plus profondes. Dans sa pièce, Étienne Saglio ne cherche pas à faire disparaître la réalité, mais plutôt à en révéler la magie enfouie, celle que l’on choisit trop souvent d’ignorer. Finalement, qu’elle soit thérapeutique, poétique ou artistique, la métamorphose invite à une responsabilité : celle de se choisir. Choisir de se remettre en mouvement, d’ouvrir une brèche pour reprendre le contrôle et redevenir le personnage principal de sa propre histoire.
La métamorphose demande du temps, de l’écoute, du courage et parfois un simple masque en carton pour oser débuter le voyage.